Cette année, le titre de la revue, choisi il y a deux ans, à un moment où la pandémie de Covid cédait du terrain, nous invitait à mettre sur le tapis bien des choses que l’on a plutôt coutume de trouver en dessous.
Vous pourrez le constater, les angles de vue diffèrent d’un texte à l’autre comme varie la forme des contributions laissant voisiner prose et vers. Viennent ainsi à la lumière des instants de plaisir conjugués au présent ou au passé, des fictions brèves et rêveuses, des souvenirs énigmatiques ou souriants, des récits où la petite et la grande histoire s’entrelacent.
Dans la trame de ce recueil, apparaissent, insistantes, des questions sur les effets de la brutalité des appétits de conquête et des conflits qui traversent le monde et sur leurs conséquences durables pour les peuples qui en portent le poids. Certains textes font retour sur ces ébranlements furieux qui emplissent un temps l’actualité de nouvelles effroyables et qu’un consensus silencieux renvoie en quelques années dans un silence opaque – sous un quelconque tapis. Mutisme laissant au passage ceux et celles qui ont été touchés à cœur par le souffle de l’histoire, dans la sourde inquiétude d’avoir à occuper une place devenue si précaire d’être frappée d’un « non-lieu de la mémoire ».
Pourtant, c’est bien du côté des traces, des réminiscences, de ces impressions ténues dont nous sommes les héritiers sans preuve, que peut s’entrevoir la possibilité de reprendre pied dans un univers commun et d’avancer pas à pas (ou comme un cheval à vélo), pour poursuivre l’aventure.